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Tech Rock's - Efficience

Nos 4 experts, Florent MAS, Practice Leader DevSec, Lionel GAIROARD, Practice Leader DevSecOps, Matthieu GAILLARD-MIDOL, Practice Leader SecOps & CloudSec et Romain DELELIS, Practice Leader CyberSec, se sont rendus au Tech Rock, le rendez-vous des professionnels de la tech.

Ils vous partagent leurs retours sur cet évènement incontournable et pertinent, on vous le recommande ! 

L'efficience, par Florent MAS, Practice Leader DevSec

Alors, Tech.rocks. Ça y est, on l’a fait ! Deux jours de pur bonheur techno à Paris.

Imaginez : un rassemblement de geeks, de gourous de la tech et de leaders innovants, tous réunis pour échanger sur ce qui fait vibrer nos cœurs et nos claviers.

Dès le début, c'était comme se retrouver au pied de l'Everest avec Sophie Lavaud lors de son talk d'ouverture - prêts à gravir les sommets de la connaissance et de l'innovation. Chaque session, un pas de plus vers le sommet, chaque idée partagée, un souffle d'air frais dans l'ascension de notre expertise. On a abordé des sujets aussi variés que pointus. On parle de géopolitique numérique, de gestion d'équipe distribuée, de migration Cloud en contexte de guerre…  C'était comme être au centre d'un ouragan d'idées, toutes plus stimulantes les unes que les autres.

Et le fil rouge de ces deux jours ? L'efficience, bien sûr. Mais attention, on ne parle pas de cette efficience froide et calculatrice. Non, on explore l'efficience sous toutes ses formes : comme moteur d'innovation, dans sa dimension humaine et managériale, et même ses écueils quand elle devient une quête obsessive.
Attendez de lire la suite, vous allez voir, c'était quelque chose !

L'efficience : moteur d'innovation, par Matthieu GAILLARD-MIDOL, Practice Leader SecOps & CloudSec 

L’un des premiers piliers de l’efficience est l’optimisation des ressources. Holy Cummins (Senior Principal Software Engineer, Quarkus) dans sa conférence l’a matérialisé avec l’exemple d’une organisation où 25% des serveurs étaient comateux et ne produisaient pas de valeurs pour l’organisation mais aussi 30% des serveurs actifs le sont moins de 5% du temps. L’innovation avec le cloud et notamment les fonctionnalités d’advisor chez les hyperscalers va vous aider à identifier ces charges de travail inefficace ! Car un serveur inutilisé ce n’est pas juste de l’argent ou de l’électricité, c’est aussi de l’eau et des déchets... Cette quête de l’optimisation des ressources matérielles est un premier pas simple à mettre en œuvre pour toute organisation.

Un autre pilier va être l’agilité organisationnelle qui peut s’obtenir dans de tristes circonstances, comme vu lors de la conférence du CTO et du CISO de Raiffeisen Bank. En effet, la banque ukrainienne préparait sa migration sur le cloud AWS depuis quelque temps mais ne s’était pas encore lancée techniquement. Le début de la guerre a forcé le management à lancer la migration basée sur le début de plan et à s’adapter au fur et à mesure dans un contexte inédit. Les employés de Raiffeisen Bank font tout pour maintenir le service en état critique, maintenant ainsi le moral de la population.

Cependant, il est important de noter que trop d'accents sur l'efficience à court terme peut parfois entraver l'innovation à long terme. L'innovation nécessite une prise de risque et une exploration de domaines inconnus, ce qui peut être incompatible avec une quête excessive d'efficience immédiate. Un équilibre entre efficience opérationnelle et flexibilité pour l'exploration de nouvelles idées est souvent nécessaire pour créer une culture d'innovation durable.

L'importance de l'axe managérial et humain, par Lionel GAIROARD, Practice Leader DevSecOps

Le concept d'efficience est certes recherché dans le domaine technologique mais également à l'intersection de la gestion humaine et managériale. Cette évolution transcende la simple optimisation des ressources pour embrasser une approche holistique qui intègre technologie, leadership, et empathie humaine.

L’Humain au Cœur de l’Efficience Technologique

Un lien fort existe entre performance technologique et qualité de la gestion humaine. La résilience, la diversité des compétences et un leadership inspirant transforment des idées en réalisations concrètes. 

L'intervention de Sophie Lavaud en est le parfait exemple, son parcours impressionnant d'ascension de sommets de plus de 8 000 mètres, a brillamment métaphorisé la relation entre résilience et efficience. Ses expériences soulignent l'importance de la concrétisation des idées, de l'équilibre entre les intelligences physique, mentale et émotionnelle, et de la dynamique de groupe dans le succès des entreprises technologiques.

Luc Julia a également apporté une perspective insistant sur l'importance d'une approche pragmatique et centrée sur l'humain dans l'innovation technologique. Son expérience chez des géants comme HP, Samsung, Apple et Renault souligne l'importance de combiner une culture d'efficience avec une approche start-up, même au sein de grandes entreprises. Ces exemples soulignent que les qualités humaines comme l'adaptabilité, la créativité et l'intelligence émotionnelle sont des vecteurs essentiels d'efficience dans l'écosystème technologique.

La capacité d'intégrer efficacement l'efficience dans les processus opérationnels et la stratégie managériale est donc essentielle !

Des entités comme Mistral AI, Happn, et Airbnb ont mis en avant des pratiques exemplaires où l'efficience opérationnelle est étroitement liée à une gestion managériale éclairée.

Mistral AI, par exemple, a brillamment illustré cette dynamique en rivalisant avec des géants comme OpenAI. Leur stratégie se concentre sur le développement d'un modèle d'IA plus compact et efficace, adapté aux besoins spécifiques du marché. Ceci était rendu possible par une équipe diversifiée et compétente, mettant en avant l'importance de la gestion des données, de l'éthique en open-source, et du rôle crucial du FinOps dans la croissance et la gestion des coûts. Cette approche souligne la nécessité d'une agilité constante et d'une innovation réfléchie pour rester compétitif dans un domaine en rapide évolution.

De son côté, Black Market a démontré l'importance de l'adaptabilité dans un environnement technologique changeant. Face à des évolutions majeures, l'entreprise a su s'adapter en temps réel, montrant une grande souplesse managériale. Cette capacité à naviguer à travers les changements de paradigme reflète une gestion agile, essentielle pour maintenir la compétitivité et exploiter les nouvelles opportunités.

Enfin, Happn, confrontée à des coûts d'infrastructure significatifs et d’une base d'utilisateurs en expansion, a adopté une approche holistique pour optimiser ses dépenses. En définissant des priorités claires et en impliquant activement les équipes dans la gestion des ressources, Happn a illustré comment une planification financière éclairée et une gestion des ressources transversale peuvent soutenir une croissance durable et efficace.

Humaniser la technologie : Inclusion, accessibilité et adaptation

La nécessité d'humaniser la technologie a été clairement mise en évidence par les initiatives de Google, Shodo et Microsoft.

Google AI a présenté des initiatives où l'intelligence artificielle est utilisée pour enrichir et simplifier les interactions humaines, tout en soulignant l'importance d'une supervision humaine dans les premières utilisations de l'IA. Cette approche met en avant le concept de "human in the loop", où les décisions et les actions de l'IA sont surveillées et guidées par des interventions humaines. Cette méthode garantit non seulement la pertinence et la précision des résultats de l'IA, mais renforce également la confiance des utilisateurs dans ces technologies. En mettant l'accent sur la pertinence des données avant de les alimenter dans les modèles de machine learning, Google AI illustre l'importance de combiner expertise technique et jugement humain pour créer des solutions d'IA véritablement utiles et plus éthiques.

De son côté Shodo a souligné l'importance de l'accessibilité et de l'inclusion, rappelant que la technologie doit être conçue pour tous les utilisateurs, y compris les personnes handicapées.

Microsoft, quant à lui, s'est concentré sur l'adaptation au travail à distance, illustrant comment les pratiques managériales doivent évoluer pour maintenir l'efficacité et le bien-être des équipes dans un monde de plus en plus numérisé.

Ces exemples mettent en lumière que, dans notre quête d'innovation et d'efficacité, la technologie doit rester ancrée dans une compréhension et une considération profonde de l'expérience humaine.

Quelles que soient les avancées technologiques ou les stratégies managériales, c'est la compréhension, le respect et la valorisation de l'humain qui sont au cœur de l'efficacité réelle et durable. La “vraie efficience” ne se trouve pas dans les chiffres ou les processus isolés, mais dans la manière dont ces éléments s'intègrent dans le tissu de l'expérience humaine.

C'est une perspective qui résonne profondément dans le contexte actuel de l'innovation technologique, rappelant que le progrès doit toujours être évalué et guidé par son impact sur l'humanité : Construisons-nous un avenir où la technologie sert l'humain, ou un avenir où l'humain sert la technologie ?

Les risques d'une quête d'efficience à tout prix, Florent MAS, Practice Leader DevSec

L’efficience, c’est le Saint Graal dans notre monde Tech. On court après, mais à quel prix ? Il ne faut pas se leurrer, derrière les chiffres et les graphiques, il existe des pièges, parfois déguisés en solutions miracles.  

Ma vie privé n’est pas à vendre !

Et la vie privée dans tout ça ? Difficile de l’assurer quand on sait que les algorithmes de Machine Learning, classification supervisée ou de LLM sont finalement de jolies boites noires. L’apprentissage nécessitant des dizaines de millions de données, et que plus nos IA en savent sur nous plus elles seront efficaces. Nous avons beau leurs inculqués des valeurs, comme le met en avant Microsoft , leurs mettre des gardes fous techniques #guardrails comme OpenAI. Il suffit qu’un petit malin trouve la manière de leurs chuchoter à l’oreille, pour que nos chers GPT deviennent indiscrets, et révèlent des données sensibles.

Gare aux biais !

Le piège des biais technologiques, parlons-en :
On l’a vu avec les cas de traitement de la data chez Airbnb, et la campagne du Superbowl en 2017. Au-delà du message humanitaire et de tolérance, l’équipe fondatrice attendait un retour sur investissement. Flop complet, et arrêt du branding de marque pendant 5 ans. On voit que l’humain peut complètement analyser les datas avec un biais, quel que soit les outils modernes à sa disposition et prendre de mauvaises décisions.
L’intelligence artificielle, c’est le futur, même le présent, mais si elle apprend de nos erreurs, on va droit dans le mur.
On commence déjà à se poser des questions sur l’utilisation des LLM dans le recrutement, je vous laisse imaginer les biais d’apprentissage dans la conduite autonome et les sujets qui vont occuper les équipes de Luc Julia chez Renault.

Planète en solde 

Ophélie Coehlo nous a montré l’impact environnemental concret des data center.
« Les centres de données se classent parmi les 10 industries commerciales les plus consommatrices d’eau, utilisant 513 millions de mètres cubes d’eau en 2018 », Virginia Tech 2018. 
En Angleterre également on s’en rend compte avec l'interdiction de construire d’autres centres de ce type jusqu’en 2035, le réseau électrique ne pourra pas en supporter plus… Les gouvernements font machine arrière ! Est-ce qu’on optimise pour aujourd’hui au détriment de demain ?

- « Et la sécurité dans tout ça ? »
- « Le cloud c’est génial... mais... »

Dans notre course à l'efficience technologique, nous naviguons entre deux mondes : l'invisible, celui des données, des algorithmes et de l'innovation numérique, et le visible, notre planète, avec ses ressources tangibles et ses écosystèmes fragiles. Cette quête d'efficience, si essentielle dans l'invisible, ne doit jamais perdre de vue l'impact sur le visible. Trouver cet équilibre entre les progrès numériques et la préservation de notre environnement est notre défi le plus crucial, car dans l'harmonie de ces deux mondes réside l'avenir durable de notre société.

L'efficience, par Romain DELELIS, Practice Leader CyberSec

Après ces deux jours intenses et inspirants de Tech.rocks, on se rappelle que c’est c'est dans cette progression linéaire - de l'invention à l'optimisation - que réside le cœur battant de l'efficience.

Les différents speakers ont souligné l'importance d'une vision équilibrée, harmonisée entre l’humain et technique. L’exemple de la Raiffeisen Bank montre que même dans une situation chaotique, une approche efficiente c’est peut-être de trouver le rôle de chacun, les interactions idéales, le but commun. La SSI n’a pas commandé la DSI, elle a appuyé ses choix, ses décisions, parfois avec des concessions ; le niveau de sécurité n’est pas là, mais on sait à quoi s’attendre, on ne peut pas faire mieux maintenant.  L’objectif était de migrer, il n’y avait pas d’autre alternative envisageable, et le plan idéal n’a pas pu être appliqué.

Nous avons également vu que le fait de considérer l'efficience comme une fin en soi, perdant ainsi de vue les implications plus larges, était problématique. Lorsque les métriques d'efficience deviennent des objectifs à part entière, nous risquons de négliger des éléments essentiels tels que l’innovation, la sécurité, la diversité. L’exemple de Spotify et de leur hackathon illustre bien que parfois une idée qui semble être écartée de la feuille de route a tout intérêt à s’y voir incluse. Mais n’était-ce pas les enjeux de l’agilité ?

Enfin efficience ne veut pas dire contrôle absolu. Microsoft en a parlé, et ils se sont remis en question sur certaines de leurs pratiques post-covid, les réunions, les cibles, les différences culturelles, on ne peut pas déshumaniser pour réunir sous le même format ce qui marche quelque part. L’obsession de l’efficacité peut conduire à l’épuisement professionnel, étouffer la créativité ou même conduire à des dilemmes éthiques, en particulier dans le domaine technologique (le récent travail de l’UE sur le contrôle des domaines d’action de l’IA reflète bien ces préoccupations).

Ça ne vous surprendra pas, que la conclusion est la prise de conscience collective que notre avenir technologique doit être durable, responsable et inclusif.

Ce que nous allons appliquer demain, c'est cette vision d'une technologie qui augmente le quotidien, à l’aide d’IA, ou pas. C'est dans cet équilibre que réside la vraie efficience, une efficience qui va au-delà des chiffres, qui dépasse les concepts après-guerre sur l’optimisation et la réduction des coûts. On doit inclure le bien être, l’imprévu, l’innovation. On doit observer, supposer, proposer, pour dépasser un sommet ou un objectif. L'individuel ne suffit pas, le collectif est nécessaire ! Vous avez une idée d’un critère d’efficience, partagez-le avec votre équipe, vos collègues, challengez-les. Il y’a fort à parier qu’il sera mieux accepté et plus adapté après cela. L’efficience, c’est l’équilibre entre les réalisations quantitatives et les améliorations qualitatives de la culture du travail et des processus d’innovation.

Je terminerai sur ce qui fait beaucoup de bruit, mais en essayant d’être le moins subjectif possible, l’IA.
Ce n’était pas le sujet de ces 2 jours et pourtant on en a entendu parler, par Mistral AI, par Google, par Spotify, par Microsoft, etc... On comprend bien qu’on ne pourra pas passer à côté, mais n’avions pas eu la même crainte avec l’arrivé de l’informatique ? Ou bien plus tard avec l’automatisation ? Je ne sais pas de quoi l’avenir numérique va être constitué, mais ce qui est certains, c'est que nous ne pourrons pas faire sans, alors comment être le plus efficace avec ?

 

Florent MAS, Practice Leader DevSec

Lionel GAIROARD, Practice Leader DevSecOps

Matthieu GAILLARD-MIDOL, Practice Leader SecOps & CloudSec

Romain DELELIS, Practice Leader CyberSec